
Car je te le rappelle cher lecteur, et là je fais mon petit prof d'histoire (j'aime bien de temps en temps, j'ai l'impression d'être intelligent), que le Rugby à treize est, dans sa genèse même, dans son ADN profond, le Rugby des Villes. N'est-il pas l'émanation même de la sueur noire des ouvriers des grandes cités industrielles du nord de l'Angleterre? N'est-il pas le sport roi de Sydney la supermétrople australienne? De l'ancienne cité-prison de Brisbane? N'est-il pas le sport des townships d'Auckland ou de Wellington?
Le XIII est le sport des villes, que dis-je, plus que des villes, il est le sport des cités ouvrières, des banlieues, des mauvais quartiers. Il est le sport de ces lieux où seules la force des bras et la vivacité de son esprit font la richesse d'un homme. Il est le sport de ceux qui n'ont pas peur de défier seul balle en main un mur de barbares affamés. Où sont donc aller s'installer les pionniers français en 34? Dans la campagne roussillonaise? A Toulouges, à Pia ou à Limoux? Point de tout cela: Ils sont allé à Paris, à Bordeaux, à Roanne, à Villeurbanne, à Albi, à Bézier. Puis à Marseille, à Toulon, àToulouse...
Que sont ils allé chercher là bas? Pourquoi ne se sont-ils pas contenter d'un petit championnat campagnard bien réchauffé par le soleil du sud-ouest? Je te le donne en mille mais tu l'as déjà deviné. Ils avaient beau être né avant l'invention de la Playstation , ils étaient pas cons ces gens là! Ce qu'il faut-il pour faire du sport pro: Des hommes et du fric!
Des hommes pour jouer, des durs, des marneurs, des dockers, des ouvriers, de ceux qui auraient vendu un bras pour mettre leur famille à l'abri. Et des hommes pour regarder, des gens simples, des travailleurs, des prolos qui n'attendent que le dimanche pour vibrer en sachant qu'eux aussi quelque part ils sont sur le terrain avec leurs frères. Et du fric je te dis. Car il en faut du fric pour faire tourner cette machine. Mais pas du fric d'aristos, pas celui des rentiers et des nantis du régime. Non, du fric de ceux qui entreprennent, de ceux qui avancent, de ceux qui partis de rien ou de pas grand chose ont fait la richesse de ces cités. Du fric des nouveaux riches, des entrepreneurs, des start-up d'avant la télévision, des malins de l'entre deux guerres.
Que reste-t-il de tout cela? Un rugby des champs dominé par deux villages dont la population réunie ne suffit pas à remplir le stade de la méditerranée. Un rugby de campagne, un Rugby de bouseux. On veut bien croire à la "révolution marketing" du feuceuleu, mais si bombarder de logos bas de gamme un maillot rose suffisait à faire une révolution marketing, alors nous serions tous au niveau des meilleurs MBA en sport management.
Le monde a évolué mais il reste le même. La richesse est toujours dans les quartiers. Les joueurs de demain sont toujours dans les cités de la banlieue parisienne, dans les quartiers pourris de Vaux-en-Velain, dans les quartiers nord de Marseille. Ils sont noirs, jaunes, arabes, portugais, blancs, gitans, turcs, ouzbèques. Ils sont toujours aussi vaillants mais surtout ils sont toujours aussi doués et ont toujours aussi faim.
Le public est là aussi, parmi ceux qui se font refuser à la réception d'après match du Stade Français, parmi ceux qui n'ont pas leur place VIP au stade Gerland, parmi ceux qui ne comprennent pas tout aux grandes subtilités du jeu à XV, parmi ceux qui préfèrent un bon gros lot de tampons à de trop long discours.. Et le fric est là aussi, chez les malins de la net-économie, chez les rois de la débrouille, chez ces entrepreneurs du IIIème millénaire qui ont renoncé à devenir Zidane mais seront les Bill Gates de demain. Ceux-là, ils le connaissent le marketing, ils sont allés à l'école, ils ont le regard ouvert sur le monde et la soif de le dominer.
Les banlieues sont des mines d'or pour celui qui saura s'y attaquer. Elles sont le berceau naturel de notre mouvement, elles sont notre Rugby des villes à nous, que dis-je? Elles sont le Rugby de nos villes! La révolution marketing ne se fera jamais dans les champs, mais en attendant, il faut bien l'avouer, c'est dans les champs que l'on court après notre révolution.
3 commentaires:
Au delà du juste constat de la présence d'un vivier quantitatif intéressant dans les "banlieues", peut-être faudrait-il évoqué le manque d'éducateurs locaux compétents d'une part; mais aussi s'interroger sur le fait que les valeurs intrinsèques de notre discipline(très exigeante!) sont peut-être difficile à véhiculer auprès de la jeunesse actuelle?
En bref: tu te fais plaisir avec des envolées lyriques aux accents de populisme et de démagogie,... pas terrible!
Et puis ce que fait le club de Lézignan en matière de marketing est en tout point remarquable.
C'est vrai que je me fais plaisir!
Que tu trouves çà pas terrible, c'est tout à fait ton droit,d'ailleurs tu ne dois pas être le seul!
Par contre je ne comprends pas trop cette attaque sur un côté soit disant démago et populiste: cela ne reste que du second degré.
Je crois que tu te trompes de cible, je ne suis pas celui que tu crois...
Je ne reviendrai pas sur Lézignan je deviendrais méchant...par contre, j'ai proposé de publier celui qui le désirerait. Tu as un fait état de ta science en commentaire de l'article alors j'attends ton papier pour évoquer le manque d'éducateurs et tout le foin,foin, je suis sur que tout le monde sera ravi de le lire.
Mais qui a dit que je prétendais savoir qui tu es? Et puis quel intérêt ici???
Non, il n'y d'ailleurs pas d'"attaque" mais plutôt l'expression d'un bémol objectif et polémiste sur le contenu de tes propos quelque peu démogogiques à mon goût.
Ne me rejoindrais-tu donc pas sur le fait que le mouvement Treiziste ne peut que se féliciter de l'existence, en son sein, de débats constructifs?... Enfin Damodaran!
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