mercredi 28 novembre 2007

Pauvreté, marketing et mauvaise foi

"-Bonjour monsieur, je voudrais un kilo de pommes.
-Vous avez le choix entre ces superbes granny smith bien rondes et bien juteuses issues d'une stricte sélection agronomique et celles-ci, un peu biscornues, mais de la variété que cultivait ma grand-mère et avant elle sa mère et sa grand mère...
-Je prendrais un kilo des premières.
-Vous avez bien tord (et vous êtes même un peu con!). Une fois enlevés les verts et la peau douteuse, les secondes sont délicieuses..."

Nous ne sommes pas marchands de pomme mais c'est bien à cela que ressemble le discours treiziste quand il s'agit de défendre notre sport. Comment ça les médias ne s'y intéressent pas, mais quand même, avec 68 minutes de jeu effectif, blablabla, blablabla...Et les sponsors, ils sont où les sponsors, ils préfèrent filler du pognon à ces marcheurs amateurs de coups de pied et blablabla et blablabla...

Heureusement, au milieu de notre cageot se trouve une pomme plutôt jolie issue du croisement avec une variété de nos cousins grands bretons. Alors tout le monde s'extasie devant et, car elle ne suffit pas à nourrir la famille, attend qu'elle diffuse ses doux parfums à ses congénères au risque...de la voir moisir bientôt!

Le marketing repose sur une règle bien connue des étudiants en gestions, celle des 4 P: Product, Price, Place, Promotion. Un détail souvent oublié est que cette règle est chronologique: le produit est le premier maillon de cette chaîne qui doit conduire à la création de valeur. Quelle est la valeur du produit que nous défendons? Celle d'un cageot de pomme de ma grand-mère avec sa belle au milieu.

Aucun autre sport hormis Football et Rugby à XV ne rassemble 7 à 8000 personnes pour les matchs de son équipe nationale, aucun autre hormis ceux-là ne réunit 10.000 fans pour une rencontre de clubs ou une finale nationale. C'est une chance inespérée qui mériterait bien un peu d'effort de R&D et de marketing.

En attendant, je mange des Granny smith.

Aucun commentaire: